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La dégradation du sol et l’homéopathie

photo de l'auteur
par Aziz Yaacoubi
( Ingénieur agronome)


Spécialité de l'article : Agro-homéopathie

Parution du 11/05/2021   pour la lettre n° 99


Généralité :
Le sol, peau des continents, épiderme de notre planète, est la fine couche vivante de la Terre où le minéral devient vie et la vie devient minérale. Généralement meuble, il est situé à l’interface de la lithosphère et de l’atmosphère. C’est le support de la vie végétale et animale, ainsi que de toutes les activités humaines. Mais il n’est pas que cela, c’est aussi un véritable écosystème, une entité vivante à part entière, on peut même le considérer comme le système digestif des plantes. Un sol naît, se développe, meurt et disparaît si les conditions de son maintien ne sont pas réunies et respectées. Le sol est complexe, sa biodiversité est grande, il est extrêmement peuplé, la densité de vie y est souvent considérable : un hectare de sol forestier contient plus d’êtres vivants qu’il existe d’êtres humains sur la terre.

Définition :
Le conseil de l’Europe définit le sol comme suit : « Le sol fait partie intégrante des écosystèmes terrestres et constitue l’interface entre la surface de la terre et le socle rocheux. Il se subdivise en couches horizontales successives aux caractéristiques physiques, chimiques et biologiques spécifiques. Il a également différentes fonctions. Du point de vue de l’histoire et de l’utilisation des sols ainsi que d’une perspective écologique et environnementale, le concept de sols embrasse également les roches poreuses sédimentaires, les autres matériaux perméables, en plus de l’eau qu’ils contiennent et des réserves d’eau souterraine ».

Pour l’Agronome, le sol est le support des plantes. C’est la zone exploitée par les racines. Il englobe le domaine de la rhizosphère, zone d’échanges d’ions, de compétition pour l’eau et l’oxygène, où l’activité microbienne est stimulée par la libération de composés organiques. Principal objet d’étude des agronomes le sol, en tant que zone travaillée par les instruments aratoires, est le support des cultures. Son potentiel de production se traduit par la notion de fertilité, variable en fonction de ses caractéristiques intrinsèques mais aussi des apports extérieurs (fertilisation, amendements minéraux ou organiques, traitements phytosanitaires), des améliorations foncières (drainage, irrigation, sous-solage) ou des techniques culturales appropriées aux modes de cultures envisagés.

Pour le pédologue, le sol est une zone mince formant la partie superficielle de l’écorce terrestre affectée par les différents processus de l’altération physique ou mécanique (gel, lumière, humidification, dessiccation, déterminant des dilatations et des contractions qui engendrent la fissuration des roches et à terme leur fragmentation) ou ceux de l’altération chimique (dissolution, hydratation, hydrolyse, oxydation, réduction, déterminant des changements de composition chimique, de structure, de porosité de couleurs et de lessivage susceptibles de transformer le substrat et de   le différencier en horizons).
Le rôle de la biosphère en général et de la végétation en particulier en tant que principal facteur de la pédogenèse, est déterminant, même si cette dernière est induite par l’homme. Il en résulte une très grande diversité des sols, dans leur composition et leur différenciation en horizons. Leur distribution à l’échelle de la Terre comme à l’échelle locale, obéit à des principes utiles à la compréhension de la dynamique physique des paysages.

Pour l’écologiste : le sol est un milieu triphasique avec une phase solide, minérale et organique, comprenant les éléments constituant la structure du sol, une phase liquide avec éléments dissous constituant la solution du sol et en fin une phase gazeuse remplissant les pores non remplis par la phase précédente.
Ce milieu, poreux, hautement réactif vis à vis de la phase liquide, intégrant des fractions présentant les propriétés des substances colloïdales est un lieu d’échanges fonctionnant comme un réacteur chimique. Grâce à son pouvoir adsorbant et de ses capacités d’échanges, le sol constitue le milieu nutritif essentiel des écosystèmes terrestres. Il demeure également le lieu privilégié des fonctions bio transformatrices des écosystèmes, au regard du stockage et de la dynamique des flux du carbone et de l’azote mais aussi au regard de l’altération des minéraux donc des processus initiateurs de la pédogenèse, grâce à l’activité des microorganismes.

Le sol est une ressource limitée et non renouvelable à l’échelle humaine. Si les Hommes ont parfois su gérer les sols dont ils avaient besoin pour vivre ; ils ont aussi contribué à leur dégradation et à leur destruction. Des études récentes consacrées à l’état des sols au niveau mondial montrent que la dégradation des terres a pris des proportions dramatiques (dégradations physique, chimique et biologique). Or « Une nation qui détruit son sol se détruit elle-même » comme l’a bien exprimé le juriste et scientifique Friedrich Albert Fallou dans son manuel de pédologie il y a plus de 150 ans.  
              
La question se pose de savoir si,


dégradation sols
dégradation sols

à l’horizon 2050, l’humanité disposera des surfaces de sol et des techniques de production suffisantes pour permettre à 9 milliards d’êtres humains de vivre avec un minimum acceptable. Assurer la sécurité alimentaire mondiale à cette date nécessiterait en effet de tripler la capacité de production alimentaire. Or les ressources en sols fertiles sont limitées, inégalement réparties, sans compter que sous l’effet de la dégradation des sols, la disponibilité en terres arables diminue.

Pour résoudre cette problématique de la dégradation des sols, l’agro homéopathie nous offre une bonne alternative.

Cas dans lesquels l’agro homéopathie peut être utile :

Les sols sont très complexes et les problèmes qui peuvent apparaître sont variés. Pour les résoudre, il faut d’abord pouvoir les identifier. Dans ce qui suit, nous allons présenter une petite classification des problèmes que l'on peut trouver dans un sol. Nous expliquerons en quoi consiste chacun d'eux afin de proposer, des remèdes homéopathiques pouvant être utiles dans chaque cas

1.    Perte de la structure du sol

La structure du sol est le mode d'arrangement spatial des particules minérales et organiques d'un sol. Elle résulte de la façon dont sont associés les constituants élémentaires d'un échantillon de terre. Cette association aboutit à des éléments structuraux agencés différemment les uns par rapport aux autres, selon les cas. Elle est caractérisée par :
•    La forme des agencements et leur taille
•    L'importance respective des vides et des pleins c'est-à-dire la porosité
•    La résistance des liaisons qui unissent les constituants élémentaires entre eux ainsi que les éléments structuraux
La structure du sol doit être bonne et doit résister au piétinement. Pour qu'un sol ait une bonne structure, certains ingrédients sont nécessaires : argiles, humus et certains cations, principalement le calcium Ca2+ et le fer Fe3+.

     Ces trois ingrédients sont responsables du complexe argile-humique, structure formée d'argile et d'humus. L'humus est la fraction "stable" de la matière organique du sol, c'est-à-dire qu'elle est peu sujette à la minéralisation, mais participe davantage à la structuration du sol. Les particules d'argiles et d'humus étant tous deux chargés négativement, ils retiennent les cations (Ca2+, Mg2+, K+, Na+...), éléments essentiels à la plante. Des échanges de cations ont lieu entre le complexe argilo-humique et la solution du sol, ce qu'on appelle la capacité d'échange cationique (CEC). Plus elle est élevée, moins les cations seront lessivés : ils seront donc plus accessibles aux plantes.
Mais comment deux structures chargées négativement, alors qu'elles devraient se repousser, peuvent-elles être si étroitement liées ? Par l'intermédiaire de ponts cationiques chargés positivement et de « colles biologiques » :
•    Le calcium a une action stabilisatrice. Il s'intercale entre l'humus et les feuillets des argiles, formant des ponts calciques très résistants et aérant la structure du sol.
•    Le magnésium forme lui aussi des ponts cationiques mais avec une action de resserrement de la structure.
•    Des ponts constitués d'hydroxydes de fer peuvent également se mettre en place, mais ils sont moins solides que les ponts calciques.
•    Enfin, l'activité biologique a un rôle fondamental. La présence de molécules organiques permet « d'enrober » les complexes, ce qui les stabilise en présence d'eau. Parmi ces substances, on peut citer la glomaline, produite par certains champignons.


Ainsi, la perte de structure du sol peut être causée par :
- La perte d'humus
- L'absence de calcium
- Travail excessif du sol
Il y a aussi un dernier ingrédient pour construire la structure du sol et c'est le plus important : les maçons. Un bâtiment ne se construit pas tout seul, même si nous disposons de tout le matériel du monde.
    Les maçons du sol sont tous ces organismes protagonistes du cycle du carbone (principal élément de la matière organique), du cycle de l'azote (nécessaire pour synthétiser les protéines de tous les êtres vivants), et des cycles de nombreux autres éléments (les nutriments à leur tour issus des plantes). Sans micro-organismes, l'humus ne peut être ni fabriqué ni décomposé.

2. Blocages dus à une mauvaise gestion de la matière organique du sol et de la fertilisation organique.

1- Sur fertilisation azotée :
- Excès de matière organique fraîche minéralisable avec un faible rapport C/N;
- Excès de matière organique fraîche avec un rapport C/N élevé.
2- manque d’azote :
- Excès de matière organique avec un rapport C/N élevé.
- Excès de matière organique fraîche (non mûre, sèche ou humide).
- Semis après incorporation des chaumes de céréales.
3- Phytotoxicité :
- Enfouissement de la matière organique.
- Apport excessif de matière organique (peu de stabilité de la matière organique, MO trop fraîche pas très mature).
- Matière organique à conductivité électrique élevée (salinité).
 
- La sur-fertilisation azotée est un excès de nitrates dans le sol dû à un apport excessif de matière organique facilement minéralisable (lisier, restes organiques à faible rapport C/N - farines animales : sang, plumes, cheveux - engrais vert avec peu de lignine) qui libère de grandes quantités de nitrates lorsqu'il est oxydé (minéralisé), ce qui provoque un excès de nitrates dans les légumes et des troubles métaboliques associés. A très long terme, après des années, un apport excessif de matière organique avec un rapport C/N élevé finit par se stabiliser et libérer de grandes quantités de nitrates dans le sol.

- Le manque d'azote est un phénomène très courant, lorsque les chaumes de céréales sont incorporés peu de temps avant le semis. Ces chaumes (paille), ont un rapport C/N suffisamment élevé pour que, pendant quelques semaines les micro-organismes du sol doivent consommer tout l'azote disponible pour se multiplier afin de pouvoir décomposer ces chaumes. Pendant cette période, il ne reste pas assez d'azote pour les plantes et elles ne peuvent pas pousser à cause de cela.
     Ce phénomène se produit chaque fois que de la matière organique est incorporée superficiellement dans le sol (à quelques centimètres de profondeur). La durée de ce phénomène dépendra du rapport C/N de la matière organique incorporée, et de la quantité apportée. Plus le C/N est élevé, plus la quantité est grande, et plus la durée est longue (de quelques jours à quelques semaines ou même quelques années).

- La phytotoxicité peut être causée par un excès de fertilisants organiques, qui sont un mélange de matières organiques et minérales issues de la minéralisation des mêmes matières organiques d'origine au cours de leur processus de maturation. Ces substances minérales sont des sels qui augmentent la conductivité électrique et, par conséquent, la salinité du sol. Plus le matériau est ajouté au sol, plus l'augmentation est importante. Selon le type de molécules organiques et inorganiques présentes dans la matière organique fournie, un excès peut provoquer une phytotoxicité chez les plantes.
 
3. Empoisonnement du sol.


Il existe de nombreux types de substances qui peuvent empoisonner un sol : les produits phytosanitaires, les métaux lourds, la salinité, et les éléments fertilisants.
Intoxication phytosanitaire :


Empoisonnement aux métaux lourds :
    Les métaux lourds sont des éléments chimiques du groupe des métaux (dans le tableau périodique) qui ont un poids moléculaire élevé qui les rend insolubles dans l'eau. Par conséquent, lorsqu'il y a un apport de ces métaux au sol, ils s'y accumulent année après année. Les exemples les plus classiques sont le plomb dans les champs à proximité des routes, causé par l'essence au plomb, actuellement interdite, et l'accumulation de cuivre provenant de fongicides avec du cuivre. L'accumulation de ces métaux dans le sol a un effet sur la vie microbienne.
    Un autre cas différent est l'empoisonnement causé par la pollution industrielle ou minière. Ces empoisonnements sont beaucoup plus graves.
Empoisonnement par salinité :


 4. Carences en nutriments minéraux.

 
5. Pathologies des systèmes racinaires


6. Processus de formation du sol

- La composition des roches et minéraux à partir desquelles ce sol se développera. Autrement dit, l’origine du matériau minéral qui se trouve à la surface. Un matériau minéral varié donnera un sol plus riche qu'un matériau minéral très homogène.
- La pente conditionne le mouvement des particules du sol (minéraux, organiques et bien sûr eau) sous l'effet de la gravité. Un sol sans pente est beaucoup plus stable qu'un sol au milieu d'une pente, où les particules descendront la pente, soit simplement en roulant sur la surface, soit dissoutes dans l'eau qui circule superficiellement ou sous la surface. Par conséquent, la pente détermine l'épaisseur que ce sol peut avoir.
- Le climat, avec sa gamme de températures et ses niveaux de précipitations, facilitera ou entravera la vie des organismes édaphiques. Une température chaude avec suffisamment d'eau permet un développement luxuriant de la végétation et des organismes du sol. Avec peu d'eau, elle ne permet le développement de la vie, ni des plantes, ni des organismes édaphiques. Un excès d'eau transportera hors du sol les éléments solubles nécessaires au sol et aux plantes, et trop d’eau inondera les sols. Trop de chaleur évapore rapidement l'eau stockée dans le sol (il faudra plus de pluie pour la remplacer ou arroser plus fréquemment). Trop de froid arrêtera la vie des organismes du sol et, avec lui, les cycles nutritifs des plantes.
- La matière organique que le sol reçoit, et des organismes vivants qui y vivent, est un élément clé dans le développement des sols, y compris celles apportées par l'homme dans son activité agricole.
- Les organismes édaphiques présents dans chaque sol : racines, macro, méso et microorganismes qui vivent dans un sol sont des populations locales. Il en existe des millions adaptés à chaque sol avec ses conditions environnementales spécifiques. Il y a aussi des organismes qui atteignent un sol, comme les immigrants, qui ont voyagé par différents itinéraires : les spores portées par le vent, transportées par les animaux, accompagnant les graines, par les mouvements de terre, avec le déplacement des populations humaines, avec le mouvement des plantes arrivent d'un endroit à un autre, et colonisent les matières organiques appliquées sur les sols. Si ces organismes trouvent un sol habitable, ils s’y installent et leur population augmente.



Médicaments homéopathiques potentiellement utiles pour les différentes situations du sol

Situation du sol                                                                                                             Médicaments homéopathiques
Perte de structure du sol
Par manque d'humus                                                                             Carbo végétabilis, Silicea terra
En raison de l'absence de calcium                                                   Médicaments minéraux contenant du calcium (Calcarea) ou leurs                     éléments                                                                                            antagonistes tels que le potassium (Kalium)
En raison d'un travail excessif du sol                                                       Aconitum napellus, Cuprum metallicum
Blocages dus à une mauvaise gestion de la matière

organique et /ou de la fertilisation organique
Par sur-fertilisation en azote                                 Calcarea carbonica, Sulphur, Thuya occidentalis, Carbo vegetabilis, Aconitum napellus, Stramonium
En raison d'un manque d'azote                              Nitricum acidum, Calcarea carbonica, Calcarea nitrica, Magnésium nitricum, Ferrum nitricum
En enfouissant la matière organique (putréfaction)                               Carbo vegetabilis, Botulinum, Gelsemium sempervirens
En raison d'un apport excessif de matière organique                            Arsenicum Album, Nux vomica
En raison de l'apport de matière


Sol dégénérescence
Sol dégénérescence

organique avec beaucoup de salinité     Natrum muriaticum, Kalium muriaticum,
                                                                                                       Calcarea muriatica, Magnesium muriaticum,
                                                                                                       Natrum sulphuricum, Kalium sulphuricum,
                                                                                                       Calcarea sulphurica, Magnesium sulphuricum

Intoxication du sol
Par les produits phytosanitaires                                                    Nosode de produit phytosanitaire, Nux vomica, Arsenicum Album, Stramonium
Par les boues d'épuration                                                              Nux vomica, Stramonium, Hyosciamus, Crotalus horridus
Par les métaux lourds                                                              Cuprum métallique, Plumbum métallique, Sulphur, Nux vomica, Stramonium
Par salinité                                                                          Natrum muriaticum, Kalium muriaticum, Calcarea muriatica, Magnésium muriaticum,                                                                        Natrum sulphuricum, Kalium sulphuricum, Calcarea sulphurica, Magnésium sulphuricum
En raison d'un excès de nutriments                                                                Arsenicum album, Nux vomica
Carences en nutriments minéraux
En fonction de la carence                                                              Nosode de sol sain, Médicaments minéraux qui contiennent l'élément en déficit ou élément(s) antagoniste(s)
Pathologies des systèmes racinaires
     Nosode du même sol malade
Nosode de racines
Voir les symptômes se manifestant dans la plante (répertorisation)
Processus de formation du sol
    Nosode de sol sain, Sulphur, Carbo vegetabilis


Définition du nosode :
Préparation homéopathique destinée à prévenir les maladies et issues d’un élément de maladie ou de tissus pathologiques.
Ainsi, Carcinosinum est un nosode introduit vers 1962 par Pierre Schmidt à partir d’un tissu du cancer du sein.
Chaque fois que l’on ne trouve pas le remède simillinum, (remède à effet le plus semblable) pour soigner une pathologie, on peut envisager de faire un nosode à partir d’un échantillon de la maladie, que se soit en agro-homéopathie ou en homéopathie humaine ou vétérinaire.

Nosode
Nosode

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